La Honda CX500 a connu une renaissance remarquable dans l’univers des café racers ces dernières années. Autrefois surnommée “la Guzzi du pauvre” et principalement utilisée par les coursiers, cette moto japonaise s’est métamorphosée sous les mains expertes de passionnés. Parmi ces artisans, Sacha Lakic se singularise par sa vision unique et son expertise en design. Nous allons découvrir comment ce créateur luxembourgeois a transformé cette moto ordinaire en une œuvre d’art mécanique exceptionnelle.
La renaissance d’une légende: quand la CX500 devient œuvre d’art
Dans le monde des customs motos, la tendance café racer a connu un regain d’intérêt spectaculaire depuis une quinzaine d’années. La Honda CX500, jadis considérée comme une simple moto utilitaire, s’est hissée au même rang que des modèles emblématiques comme la CB750 ou la SR500. Ce modèle lancé en 1978 est devenu un support privilégié pour les préparateurs du monde entier. Le défi majeur avec cette monture reste de transcender ses lignes d’origine parfois jugées maladroites.
C’est précisément ce challenge que Sacha Lakic a relevé avec brio. Designer automobile renommé dirigeant son propre studio au Luxembourg, il ajoute occasionnellement des créations deux-roues à son portfolio sous la bannière Blacktrack Motors. Son parcours professionnel lui confère une vision unique, mêlant l’esthétique automobile à l’univers motocycliste.
L’histoire de cette transformation commence dans un lieu improbable: le George’s Garage, tenu par des amis de Lakic. C’est là qu’il découvre une CX500 de 1982 abandonnée, accompagnée de pièces détachées disséminées sur une étagère. Ce qui a immédiatement séduit le designer, c’est le cœur mécanique de la machine : un bicylindre en V à 80 degrés qu’il qualifie lui-même de “magnifique et plein de caractère”. Cette rencontre allait donner naissance à l’une des plus belles préparations basées sur ce modèle.
En 2023, les préparations café racer représentaient près de 15% du marché des motos customisées en Europe, un chiffre en hausse constante depuis 2015. Cette tendance s’explique par le retour aux sources qu’offrent ces motos, privilégiant la légèreté et la simplicité chère au principe “light is right” défendu par Colin Chapman dans un autre contexte.
Les modifications techniques qui transforment l’ordinaire en exceptionnel
La transformation de cette CX500 ne s’est pas limitée à une simple modification esthétique. Sacha Lakic a entrepris une refonte complète du châssis et des composants mécaniques. Si le réservoir d’essence d’origine a été conservé, il a été incliné de 10 degrés vers l’avant pour dynamiser la ligne générale. Cette subtile modification illustre l’approche de Lakic: respecter l’ADN de la moto tout en sublimant ses proportions.
Le sous-châssis original a été entièrement repensé, remplacé par une structure sur mesure intégrant un monoamortisseur et une selle solo. Cette modification majeure a nécessité un important travail de renforcement du bras oscillant. L’amortisseur arrière n’est autre qu’un Öhlins provenant d’une Ducati 851, associé à des fourches Marzocchi RAC réglables à l’avant, dont les imposants tubes de 50 mm sont maintenus par des tés de fourche personnalisés.
Les roues d’origine ont cédé la place à des jantes Excel de 17 pouces montées sur des moyeux uniques, chaussées de pneumatiques Dunlop Sportmax Mutant initialement conçus pour le supermotard. Cette combinaison garantit une tenue de route exemplaire, complétée par un système de freinage Nissin associé à un réservoir Rizoma. L’attention portée aux pneumatiques est primordiale dans ce type de préparation, car ils influencent directement le comportement dynamique de la machine.
Composant | Modèle d’origine | Modification |
---|---|---|
Amortisseur arrière | Standard CX500 | Öhlins (Ducati 851) |
Fourches | Standard CX500 | Marzocchi RAC 50mm |
Roues | 18″ et 17″ | Excel 17″ avant et arrière |
Freinage | Standard CX500 | Étriers Nissin + réservoir Rizoma |
Le moteur n’a pas été oublié dans cette métamorphose. Entièrement reconstruit, il est désormais refroidi par un radiateur de CBR125. L’échappement constitue à lui seul une prouesse technique avec son système à deux entrées, débutant par des collecteurs en Y et s’achevant par un silencieux en forme de boîte positionné sous la moto. Cette configuration optimise non seulement les performances mais sublime également l’esthétique générale.
L’équilibre parfait entre esthétique et performances
La signature visuelle de cette CX500 café racer tient autant à ses lignes épurées qu’aux détails soigneusement travaillés. Le poste de pilotage a été entièrement repensé avec l’adoption de demi-guidons (clip-ons) et de commandes arrière adaptées d’une CBR1000. La sobriété est le maître-mot avec un phare compact et des instruments réduits à l’essentiel : un compteur de vitesse et un compte-tours minimalistes.
La livrée choisie par Sacha Lakic contribue également à l’identité forte de cette préparation. Habillée d’une combinaison noir mat, rouge et aluminium, elle rappelle les couleurs de la Voxan Black Magic qu’il avait dessinée une décennie plus tôt. Un détail particulièrement remarquable est le traitement des ailettes du moteur, toutes polies pour créer un effet de contraste saisissant avec le reste de la machine.
Les avantages de cette préparation se traduisent par des chiffres impressionnants:
- Réduction drastique du poids à seulement 125 kg (contre plus de 190 kg d’origine)
- Lignes épurées et dynamiques sublimant le bicylindre en V
- Maniabilité considérablement améliorée grâce aux nouvelles suspensions
- Ergonomie repensée pour une position de conduite plus sportive

Cette transformation illustre parfaitement comment la vision d’un designer peut transcender une moto ordinaire. La CX500 de Sacha Lakic représente l’équilibre parfait entre respect du patrimoine motocycliste et innovation technique. Elle s’inscrit dans une tendance plus large de customisation où les motos japonaises des années 80 retrouvent une seconde jeunesse, parfois même en s’inspirant des principes aérodynamiques issus de la composante aérienne militaire pour optimiser leur pénétration dans l’air.
Ce projet montre que la passion peut transformer un véhicule utilitaire en objet de désir. La question que beaucoup se posent désormais est de savoir si Sacha Lakic pourrait construire d’autres motos dans cette veine, tant le résultat de cette CX500 café racer séduit les amateurs de belles mécaniques du monde entier.